Plus de 80 % de la population vit sous le seuil de pauvreté à Madagascar, selon la Banque mondiale. L’insécurité alimentaire chronique touche près de la moitié des habitants, tandis que les sécheresses à répétition aggravent la malnutrition dans le sud du pays.
Les inégalités criantes, l’accès limité à l’éducation et aux soins, ainsi que la dépendance à une agriculture vulnérable, renforcent ce cercle vicieux. Malgré l’abondance de ressources naturelles, Madagascar figure parmi les pays les moins développés du monde selon l’ONU.
Madagascar face à la pauvreté : comprendre les racines d’une crise silencieuse
Sur les radars des classements internationaux, Madagascar ne passe pas inaperçue. L’île, fréquemment citée pour sa biodiversité exceptionnelle, se voit pourtant classée dixième pays le plus pauvre du monde en 2025. Les données de la Banque mondiale et du FMI le soulignent : le PIB par habitant reste dramatiquement bas, nettement en retrait par rapport à d’autres pays africains. Si l’on observe le classement de la pauvreté, le Soudan du Sud, le Burundi et la République centrafricaine devancent Madagascar, suivis de près par le Yémen, le Mozambique, le Malawi, la République démocratique du Congo, la Somalie et le Libéria.
Au quotidien, plus de 28 millions de malgaches composent avec les conséquences directes de cette pauvreté ancrée. Ici, l’économie repose principalement sur une agriculture fragile, soumise aux caprices du climat et aux fluctuations des marchés mondiaux. L’absence d’industrie solide pèse lourd, freinant toute perspective de croissance, tandis que des infrastructures déficientes bloquent les tentatives de développement à long terme.
Les inégalités régionales ne font qu’amplifier la situation. Entre les campagnes isolées, pratiquement coupées du monde par des pistes impraticables, et les grandes villes où la précarité explose, l’écart se creuse sans relâche. Pour de nombreux malgaches, l’accès à la santé, à l’éducation ou même à une source d’eau potable demeure un combat quotidien. Dans cette crise qui avance sans bruit, la pauvreté s’incruste partout, propulsant Madagascar parmi les plus pauvres du monde.
Pénurie d’eau, sécheresse et famine : comment le quotidien bascule dans l’urgence
Dans le sud de Madagascar, la sécheresse ne relève plus d’un simple épisode annuel. Elle impose ses règles, bouleverse l’équilibre fragile des familles et sème la difficulté à chaque coin de rue. Les pénuries d’eau s’enchaînent, forçant certains villages à parcourir des kilomètres pour une maigre réserve d’eau. Les rivières laissent place à des lits de pierre, les sources finissent par s’évanouir.
L’agriculture, colonne vertébrale de l’économie locale, s’effondre à mesure que les sécheresses persistent. Les récoltes, déjà limitées, ne suffisent plus à nourrir toutes les bouches. La famine s’installe durablement. Des mères tentent de nourrir leurs enfants avec des racines sauvages, tandis que les champs abandonnés témoignent de l’épuisement des paysans. Sur les marchés, la rareté fait flamber les prix.
La crise alimentaire trouve ses causes dans le dérèglement climatique, mais aussi dans l’incapacité des infrastructures à répondre à l’urgence. Les ONG, parmi lesquelles CARE, interviennent pour soulager une partie des souffrances. Eau potable, denrées de base, soins d’urgence : l’aide, bien que précieuse, reste insuffisante face à l’ampleur du désastre. La situation sanitaire empire. Les enfants quittent l’école pour soutenir la survie de leur famille.
Quant aux pouvoirs publics, ils se heurtent à des limites évidentes. Les données alarmantes de la Banque mondiale et des agences des Nations unies ne suffisent plus à mobiliser : il suffit d’arpenter une piste ou de croiser un regard dans les quartiers périphériques pour saisir la réalité de la détresse sur la Grande Île.
Quelles pistes d’espoir pour Madagascar ? Initiatives locales et solidarité internationale
Face à la pauvreté persistante, la résilience du peuple malgache se manifeste à travers des initiatives locales déterminées. À Tuléar, on voit des groupes de femmes créer des jardins potagers pour lutter contre la famine et l’insuffisance alimentaire. D’autres associations organisent des formations, transmettant des techniques agricoles pensées pour résister à la nouvelle donne climatique. Dans de nombreux villages, l’accès à l’eau s’améliore grâce à des solutions ingénieuses, souvent mises en place avec l’appui d’ONG.
La solidarité internationale joue également un rôle. L’ONG CARE, déjà très implantée, concentre ses efforts sur la santé, l’éducation, l’eau potable et l’égalité entre femmes et hommes. Les opérations d’urgence cohabitent avec des projets de long terme. On observe aussi les premiers effets d’une relance prudente : certains investisseurs étrangers, sensibles aux signaux envoyés depuis Antananarivo, tentent l’expérience à travers des infrastructures agricoles ou de petites entreprises à l’échelle locale.
Parmi les chantiers engagés, on retrouve notamment :
- Soutien à l’entrepreneuriat local
- Formations agricoles adaptées aux nouvelles contraintes climatiques
- Actions en faveur de l’égalité femmes-hommes
La coopération internationale continue d’accompagner la Grande Île dans sa quête de modernisation. La France, l’Allemagne et le Japon, parmi d’autres, épaulent Madagascar sur le terrain des infrastructures. La pauvreté, bien ancrée, ne se laisse pas déloger facilement. Pourtant, la multiplication d’initiatives collectives trace les contours d’une dynamique nouvelle, portée par l’énergie de la société civile et le soutien de partenaires engagés.
Madagascar avance, parfois à pas lents, mais chaque projet, chaque réussite locale, dessine un horizon un peu moins sombre. Lorsque l’espoir s’installe dans un village, c’est tout un pays qui reprend son souffle.